Montgolfière a été créée en 1986 par Tatiana et Serge Morozov, lorsque le Comité pour la santé des immigrés (Comede), dans lequel Tatiana exerçait en tant que médecin, a cessé de s’occuper des réfugiés en fin de droit dans des conditions convenables. Tatiana, ainsi que des amies assistantes sociales et psychologues, ont donc décidé de quitter cette structure et de créer Montgolfière. Leur but était de poursuivre l’accompagnement des étrangers déboutés du droit d’asile jusqu’à la régularisation de leur situation administrative (souvent au bout de dix ans) et parfois de les aider à rentrer dans leur pays d’origine quand ceci résultait d’un choix personnel. Il faut savoir que le retour au pays n’est, la plupart du temps, pas possible en raison des conflits qui perdurent, des persécutions des minorités ethniques, des mariages forcés, de l’esclavage, du militantisme politique, etc. Montgolfière a choisi de faire ce que personne ne faisait à Paris, se mettant en quelque sorte hors la loi. Cette association modeste a commencé son service dans les cafés. Puis une amie a mis à sa disposition un local, rue de Charonne dans le 11è arrondissement de Paris. Des avocats sont venus renforcer l’équipe.
Ce nom de « Montgolfière » symbolisait pour Tatiana et ses amis le lien et l’accompagnement exigeant mais fidèle jusqu’à l’autonomie de la personne aidée. Une relation s’établissait peu à peu et lorsque ce contact semblait solide, le permanent montait une nacelle, héritière des tontines en Afrique où Tatiana avait passé beaucoup de temps : la personne aidée recevait tous les mois une somme recueillie auprès d’amis que Tatiana, quant à elle, abordait en insistant à sa manière parfois véhémente et qui donnaient chacun qui dix, qui vingt euros par mois, ce qui permettait à la personne accompagnée de trouver un toit.
Mais là encore, n’imaginons pas que seul l’altruisme guide les relations. Pour 150 € par mois, notre réfugié pourra dormir au salon, sans aucune intimité, ou partager un même lit avec d’autres. L’un d’entre eux, hébergé par un couple, reste même dehors tant que l’homme n’est pas rentré chez lui. Le problème majeur reste l’hébergement : à partir du moment où le demandeur d’asile est débouté, c’est-à-dire que son dossier a été rejeté à l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides), puis en deuxième instance à la CNDA (Cour Nationale du Droit d’Asile), il ne perçoit plus aucune indemnité et perd son hébergement. À dater de ce jour, il dépend du 115, le SAMU social, mais celui-ci étant complètement saturé, chacun se débrouille comme il peut. En général, les familles sont logées par le 115 en hôtel social, qui est loin d’être l’hôtel confortable de nos vacances, composé souvent d’une seule chambre, bien souvent en très lointaine banlieue.
Le récit, souvent bâclé, qui a abouti à un rejet doit être repris. Il faut beaucoup de temps pour que la confiance s’installe et que la parole se libère. Les traumatismes, les persécutions, les deuils, la solitude, la peur ont brisé des vies. Pourtant le miracle est là : un jour, l’espoir revient et avec lui, l’envie de se battre ! Qu’ils soient seuls ou en famille, ce combat est quotidien.
D’autres initiatives permettent « d’arrondir le budget », comme les concerts organisés par l’association. La particularité de Montgolfière est d’organiser aussi des fêtes, des rencontres culturelles, des arbres de Noël, etc. Toutes ces activités dépendent de la bonne volonté et des idées des bénévoles de l’association. Le budget est complété par des dons comme celui de L’Icône Retrouvée. La « lettre des amis de Montgolfière » fait aussi le lien ainsi que le site (montgolfiere-asile.org).
Aujourd’hui une nouvelle équipe poursuit l’œuvre de Tatiana et de ses amis dans les locaux de la maison de l’ACER-MJO à Paris, une œuvre plus que jamais nécessaire dans l’esprit de L’Icône Retrouvée et de son fondateur, le père Nicolas Lacaille.
Michel Sollogoub